Pourquoi les extrêmes séduisent tant ?

Politique et neurosciences des émotions


…ou comment les neurosciences cognitives éclairent la situation politique actuelle

Comme le mentionne l’économiste Yann Algan dans son étude « La France sous nos tweets », la France est en colère (1)! Et la colère, plus que la peur, est l’émotion qui domine chez les français. Conclusion de l’analyse de plus de 160 000 tweets sur le réseau X.
Cette colère a commencé depuis longtemps, en se manifestant sous différentes formes (gilets jaunes, manifestations lors de la réforme des retraites, crises des banlieux, chez les agriculteurs, dans les hopitaux, des enseignants…).
Les raisons de la colère sont multiples mais les instituts de sondage identifient surtout la perte de pouvoir d’achat, la raréfaction des services publics, l’accès compliqué au système de santé.
Que nous disent les neurosciences cognitives ?
Le psychologue Antonio Damasio, dans « L’erreur de Descartes » démontre à quel point nous ne sommes pas des individus rationnels. La science nous apprend que nous sommes avant tout des êtres émotionnels dotés d’un peu de rationalité – acquise grâce au développement récent de notre cortex préfrontal (2).
Plusieurs approches convergent pour un modèle dans lequel le cerveau décide selon deux formes : en mode automatique (System 1 ou Fixed mindset) ou en mode adaptatif (System 2 ou Growth mindset)- (3).
Le mode automatique représente environ 90 % de nos décisions courantes. Ce mode s’appuie sur nos expériences de vie, nos valeurs, et nos émotions. Ce mode prédomine au quotidien car il s’appuie sur des ré-actions pulsionnelles, instinctives, rapides et efficaces dans un monde stable, connu et maitrisé. C’est le mode que courtisent les réseaux sociaux, la télé-réalité, les chaînes d’informations en continu qui excitent les émotions brutes : peur, jalousie, envie, dégoût, plaisir …
Ce mode s’appuie sur 3 pilotes ou Gouvernances selon l’Approche neurocognitive et comportementale (ANC) :
* Le pilote instinctif : besoin de sécurité (survie)
* Le pilote grégaire : besoin de confiance (rapports de force, pouvoir)
* Le pilote émotionnel : plaisir

Le Rassemblement National utilise exactement ces axes en désignant des coupables. Le RN promet plus de sécurité, d’ordre et moins d’injustices. Il se nourrit de la colère, émotion insupportable, moteur pour proposer des solutions simplistes et irréalistes dans un monde objectivement plus complexe, plus interdépendant, plus imprévisible (VUCA).
Les extrêmes de LFI trouvent d’autres coupables et se nourrissent de la colère ressentie pour désigner d’autres coupables.

Y a-t-il une voie de sortie ?
Je n’ai de compétences ni de prétention en économie, ni en politique. Mais j’ai une conviction : nous sommes à la croisée des chemins, entre une régression vers des gouvernances archaïques faites d’autorité, de forces, de privation de liberté, ou une gouvernance de coalition qui face à la complexité réelle invente la suite

Saurons nous dépasser nos peurs et la faire émerger ?

(1) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-vendredi-28-juin-2024-7597663
(2) Antonio Damasio https://popsciences.universite-lyon.fr/le_mag/ce-que-nos-decisions-doivent-a-nos-emotions/
(3) plusieurs approches convergent https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7196873941020278786/

Retour en haut