Reconnaissance ou bonheur profond, quel est le moteur de nos actions ?

Hier, nous avons reçu le témoignage suivant d’un des participants à une récente formation, que je livre de façon très impudique :

« LA formation à suivre en ce moment à Toulouse, c’est celle animée et conçue par Elodie Herquel Guillaume et Michel Abitteboul, intitulée « Neurosciences comportementales et cognitives appliquées à la formation« . Durant deux jours, vous serez perpétuellement stimulés, surpris, enthousiasmés, encouragés et motivés par ce magnifique duo qui vous laissera par la suite le beau cadeau d’avoir envie d’aller encore plus loin. Avec Elodie et Michel, humanité et professionnalisme sont de la partie. Ce qu’ils disent, ils le font, et quand ils vous expliquent que, pour apprendre, il faut sortir de sa zone de confort et chercher à s’adapter, ils vous le démontrent en adaptant « en direct » de nouveaux outils qu’ils expérimentent pour améliorer cette formation ! Leur approche qui reste très factuelle vous rappelle, aussi, que cette formation est établie sur des concepts scientifiques qui peuvent servir de garde fou à l’éthique indispensable de notre métier de formateur. En un mot décrochez vite votre téléphone et inscrivez-vous ! « 

Ce message est, vous vous en doutez, touchant et encourageant pour nous. Est ce un aboutissement ? Fait on les choses pour la reconnaissance ? Pour se sentir valorisé ? Ou tout simplement parce que nous aimons l’activité elle-même, sans attente d’un résultat précis ? Vous avez 4 heures !

Voilà bien là l’ambiguïté de tout engagement. Les sciences cognitives nous apprennent que près de 60 000 pensées traversent quotidiennement notre cerveau, environ 95% sont inconscientes. Et une grande partie de notre comportement est dicté par des motivations inconscientes, héritées de générations précédentes et codées dans nos gènes, ou élaborées dans notre enfance, selon les événements auxquels la vie nous a confronté. Notre expérience de vie nous amène à définir des stratégies qui sont censées nous apporter plus de plaisir, de confort et de bien-être : sois poli, sois sage, sois discret, ou au contraire fonce, prends des risques, ne te laisse pas faire, dépêche toi etc.

 

Et vous, après quoi courez-vous ?
Quelle est votre injonction quotidienne, votre moteur inconscient ?

Ces moteurs sont supposés produire un résultat. Et la mécanique est tellement bien rodée que le fonctionnement en devient inconscient. On agit pour obtenir un résultat. Souvent d’ailleurs dans l’attente d’une reconnaissance de son manager, de ses amis, de ses parents, de toute personne qui a une influence sur soi. 

Les motivations extrinsèques pour arriver à son but

Ces motivations extrinsèques – car construites sur un objet externe à acquérir – sont nécessaires voire indispensables car elles permettent de nous ancrer dans la réalité. Je suis motivé pour finir ma présentation Powerpoint ce soir car je veux pouvoir « arriver à » un résultat : la présenter demain lors de mon intervention, me sentir à l’aise face aux participants, pouvoir interagir avec eux en maîtrisant le sujet … ok.

Mais la motivation extrinsèque peut être un piège également. Pour illustrations, les Likes des réseaux sociaux. Si mon objectif inconscient est de me sentir valorisé par le public lors d’une conférence que je donne par exemple, mais que mon auditoire ne manifeste aucun signe de reconnaissance, ou que je ne les perçois pas… je suis frustré. Je suis à la merci du résultat que j’attends, fragile et sensible au stress

 

Les motivations intrinsèques pour jouir du chemin

La nature humaine est bien faite. En complément de nos moteurs extrinsèques, existent les motivations intrinsèques : elles sont internes, durables, inconditionnelles, profondes et insensibles aux conditions extérieures. Certaines activités vont nous nourrir, nous ressourcer, nous remplir, nous emporter dans l’état de flow que décrit Mihály Csíkszentmihályi dans son livre “Mieux vivre en maîtrisant votre énergie psychique”. 

Ces motivations intrinsèques se structurent dans les 3 premiers mois de la vie par un mécanisme d’empreinte neuronale (cf Manager selon les personnalités, J. Fradin et Frédéric Le Moullec). 

Dans une séance de coaching, j’accompagnais un manager qui me disait ressentir cet état lorsqu’il faisait du surf. A la question « Et si les conditions ne sont pas bonnes, s’il pleut, si les vagues ne sont pas bien formées, si ton groupe de surfeurs n’est pas avec toi, que se passe-t-il ? » Il répondit spontanément, surpris de la question « ça ne change rien, j’aime sentir l’océan sur ma peau, le vent, glisser sur l’eau, tomber, se relever, jouer avec les courants, je ne sais pas l’expliquer« . 

La motivation intrinsèque est un souffle qui vient de l’intérieur, indépendant des conditions extérieures. C’est une façon de faire les choses. Un souffle non maîtrisé, qui nous réaligne avec notre nature, notre tempérament profond. C’est un ingrédient de notre bien être personnel.

Voilà pourquoi le bonheur au travail ne se résout pas avec des babyfoots et des corbeilles de fruits

Retrouver du sens au travail grâce à mes motivations primaires

Il y a 7 ans maintenant, je décidais de quitter une entreprise high-tech internationale dans laquelle j’avais exercé des fonctions de responsabilité durant 16 ans. J’ai eu l’opportunité de diriger la communication d’un site industriel sur lequel près de 4 000 personnes venaient travailler tous les jours. J’y ai géré la communication externe, interne puis j’ai fait évoluer ma fonction vers la communication interne, la stratégie digitale et la communication RSE pour l’Europe. Un poste valorisant. J’ai développé mes compétences et appris mon métier en accompagnant de nombreuses évolutions technologiques, sociales, stratégiques, financières, industrielles. En 16 ans, j’y ai monté des événements avec mes collègues pour présenter l’arrivée de l’Euro, du premier téléphone à clapet jusqu’à internet des objets et le véhicule autonome. Nous avons fait face à des crises humaines, sociales (PSE, chômage technique), financières (IPO, LBO) et nous avons fait exister avec créativité un site toulousain dans la tourmente d’une concurrence internationale acharnée.

En quittant le confort du salariat, de CE, de mutuelle, mes collègues, les moments conviviaux à la cafétéria, les événements sociaux qui rythment la vie d’un groupe, mes sentiments étaient mélangés : tristesse de la séparation, anxiété de me lancer dans le vide, fébrilité d’un nouveau départ et souffle d’enthousiasme d’une liberté acquise pour tenter l’aventure d’entrepreneur. Portant j’avais l’intuition profonde que je devais me recentrer sur mes motivations intrinsèques :

  • la recherche, l’innovation, l’étude, la création de nouveaux concepts
  • le lien, l’authenticité, l’engagement pour le développement humain
  • l’animation, la créativité, le mouvement, la fantaisie, la vie quoi !

Depuis 7 ans, j’en ai fait mon métier de consultant, en mettant au service de mes clients une expérience de 30 ans dans plusieurs industries high-tech, une expertise en communication et une longue formation en sciences cognitives et neurosciences appliquées. Donner de la place à ce souffle me rend heureux. Je suis presque gêné de le dire, par pudeur. Pourtant les neurosciences nous démontrent que reconnaître l’état de joie est excellent pour notre santé.

Ce n’est qu’un témoignage personnel.

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